Aujourd’hui, l’évangile nous donne à entendre un scribe pharisien qui trouve intéressant de discuter avec Jésus alors que celui-ci n’est pas docteur de la Loi. Il brûle de l’interroger sur le cœur de cette Loi, les commandements de Dieu. Ces commandements sont écrits noir sur blanc. Mais comment annoncer ce que Dieu veut en priorité ? Qu’est-ce qui est ainsi à découvrir pour tout croyant ? Jésus n’invente rien. Il répond par la prière que tout juif religieux est appelé à dire le matin et le soir.
« Ecoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. » D’abord cet impératif : Ecoute ! Dans l’acte d’éduquer un enfant, ce mot revient souvent sur les lèvres des parents ou des enseignants. Ecoute-moi ! Et tu sauras comment faire, comment te comporter. Ici Dieu s’adresse à un peuple qui porte le nom d’Israël, nouveau nom donné à Jacob, petit-fils d’Abraham. Ce nom signifie : « Dieu s’est montré fort ! » Fort s’oppose à faible, mou. Le peuple d’Israël ne porte pas un nom qui l’invite à la mollesse ou à la nonchalance. Le Dieu qui s’est montré fort l’appelle à mobiliser toutes ses forces en vue d’aimer. Aimer nécessite toute l’énergie dont on est capable.
Voilà qui ne rejoint pas tout à fait nos visions romantiques de l’amour. Nous entendons l’appel de Dieu à aimer si nous croyons que lui nous aime depuis les origines et pour toujours. Tu aimeras ton Dieu. Là un gros doute s’installe. Dieu aime-t-il vraiment notre monde ? S’intéresse-t-il à notre vie, aux difficultés dans lesquelles se débat l’humanité aujourd’hui ? La nouveauté avec Jésus c’est qu’il convoque un second commandement : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Le scribe avait demandé quel est le grand commandement et Jésus lui en donne un double, deux commandements définitivement jumelés, inséparables.
Désormais on ne peut plus dire : « J’aime Dieu si on n’aime pas son prochain. » Le mouvement qui me tourne vers Dieu n’est rien si je n’aime pas celui qui vit tout proche de moi. On pourrait dire que l’on s’approche de Dieu ou plutôt qu’il peut se faire proche de nous dans la mesure où nous accueillons l’autre, ce prochain différent de moi et qui est parfois difficile à aimer. A notre époque où fleurissent les messages de haine, où il est devenu facile de mépriser quelqu’un, d’aller jusqu’à le menacer de mort,… il nous faut mobiliser toute notre énergie pour éduquer à l’amour qui est attention, valorisation et respect de l’autre.
Aimer Dieu et aimer son prochain vaut mieux que tous les sacrifices et les offrandes, telle était la dernière remarque du scribe. Les offrandes et les sacrifices étaient en réparation de tous les manquements à la Loi. Ce scribe a compris que la véritable offrande à Dieu c’est un cœur qui cherche à aimer plutôt qu’à réparer. Aimer pour de vrai, Dieu seul peut nous en rendre capables.